Eva JOLY
« Lorsqu’une décision est incompréhensible, c’est qu’elle est mauvaise »

Eva Joly, candidate pour Europe Ecologie / Les Verts a répondu à l’invitation de l’Ardeva et de l’Andeva. Elle a pris la parole :

« Chers concitoyens, quand j’ai entendu ces tristes et magnifiques paroles, j’ai pensé que la parole, lorsqu’elle est légitime est vraiment une arme, et vous êtes vraiment légitimes pour parler des maladies professionnelles générées par l’amiante.

Vous avez payé le prix fort dans vos familles, avec courage. Je sais ce que vous devez aux veuves de Dunkerque, qui inlassablement ont tourné autour du Palais de Justice pour obtenir de la justice pénale qu’elle établisse les responsabilités dans cette catastrophe sanitaire. On sait depuis 1906 que l’amiante est dangereux,. Ce n’est qu’en 1997 qu’on l’a l’interdit. Ce retard nous vaut 100 000 victimes de ces maladies horribles dont étouffent les travailleurs.

Je voudrais vous dire aussi que j’ai honte pour les magistrats et pour la République du jugement qui vient d’être rendu. La justice est faite pour évoluer avec la société. Lorsque des décisions sont incompréhensibles, c’est qu’elles sont mauvaises.

Je vais porter dans mon programme présidentiel la modification de la loi de 1898 pour une indemnisation intégrale des accidents du travail.

Il n’est pas question que vous qui avez déjà payé si cher, vous deviez restituer les dédommagements que vous avez obtenus. Je vous le promets. »

Jean-Luc MÉLENCHON
« Votre combat est notre combat à tous »

Michèle Demessine, sénatrice communiste, a lu un message de Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la Présidentielle :

« Je tiens à vous exprimer mon soutien, plein et entier, ma solidarité. Je vous assure de ma détermination et de celle du Front de gauche à vous appuyer dans votre digne combat. Mon absence de ce soir n’est que « partie remise ». Je suis demandeur de venir à votre rencontre.

Vous affrontez des puissances qui, elles, n’ont aucune dignité, aucun courage et qui ne sont motivées que par l’appât du gain. Peu leur importe la maladie et la mort des femmes et hommes qui produisent les richesses de notre nation. Ce que vous avez subi, les conditions dans lesquelles on vous a forcés à travailler étaient aussi indignes que criminelles, et ceux qui en sont responsables ne peuvent rester impunis.

Votre combat pour que justice soit faite, pour que ceux qui ont décidé de passer outre la santé des travailleurs soient poursuivis et condamnés, votre combat pour les empêcher de vous voler ce qui leur a été si difficilement arraché en indemnités est notre combat à toutes et à tous.

Vous n’êtes pas seuls ! Nos concitoyens sont avec vous ! Le Front de gauche, les forces qui le composent, leur élus, en particulier les élus communistes du Nord-Pas-de-Calais, le candidat commun à la présidentielle que je suis, nous sommes tous à vos côtés pour que la justice triomphe. »

Jean-Pierre CHEVÈNEMENT
« Un message de soutien et de solidarité »

Christian Hutin député SRC du Nord et président du groupe d’étude sur l’amiante à l’Assemblée nationale, a lu un message de Jean-Pierre Chevènement :

« Des engagements pris de longue date dans le cadre de ma campagne présidentielle ne me permettent pas d’être des vôtres… Cependant j’ai tenu à vous faire parvenir ce message de soutien et de solidarité...

Le scandale de l’amiante touche particulièrement la classe ouvrière. La souffrance des victimes et de leur famille est une réalité qui doit être mieux prise en compte. La justice devrait avoir de vrais moyens d’investigations et des consignes claires du Parquet. La justice pénale doit être rendue dans cette affaire. Sachez que je reste à votre disposition. »

François BAYROU « Il faut abandonner les demandes de remboursements »

Jean-Marie Vanlerenberghe, sénateur du Pas-de-Calais, qui a présidé la mission amiante du Sénat et a perdu l’an passé son beau-frère d’un mésothéliome a lu un message de François Bayrou :

« ... Personne ne peut comprendre que le Fonds d’indemnisation réclame aux victimes une grande partie de leur indemnisation versée il y a plusieurs années et qu’elles ne sont pas en mesure de rembourser.

Je ne discuterai pas les péripéties juridiques qui ont pu conduire à cette situation. Le problème me semble être ailleurs : le Fonds d’indemnisation est là pour indemniser les victimes, pas pour engager des procédures judiciaires à leur encontre. Et s’il peut être amené parfois à engager des procédures judiciaires, il doit le faire avec mesure et respect des victimes. Le recours aux huissiers, ne serait-ce que pour notifier des décisions, n’est pas un mode de communication admissible du FIVA à l’égard des victimes qu’il est censé aider.

L’image qui est donnée de notre société par cette affaire est très mauvaise. Quand d’un côté on utilise tous les moyens judiciaires possibles pour récupérer une partie des modestes indemnisations de victimes d’une catastrophe évitable et que de l’autre on contourne les procédures judiciaires pour verser indûment 390 millions d’euros d’argent public à un ancien ministre, on se dit que la société est très mal en point.

Le respect des victimes, comme le pur bon sens, commande d’abandonner les demandes de remboursement contestées. J’ose espérer que cela sera fait avant l’élection présidentielle et dans le cas contraire, il faudra le faire rapidement ensuite.

Je voudrais vous adresser un second message concernant le procès pénal de l’amiante. Là encore, personne ne peut comprendre que 15 ans après le dépôt des premières plaintes, aucun procès pénal n’ait pu avoir lieu, alors que des responsabilités importantes ont été pointées dans de nombreux rapports, tant en ce qui concerne les pouvoirs publics que les industriels...
L’exemple du procès Eternit en Italie, montre qu’il y a bien matière à procès pénal et qu’il est possible de le conduire. Qu’est-ce qui fait qu’en France nous n’y parvenons pas ? Si le droit pénal français n’est pas adapté à ce type de situation, alors il faut le modifier, car il n’est pas concevable que des catastrophes sanitaires évitables provoquant des milliers de décès échappent à la justice. Il en va du respect dû aux victimes. Il en va aussi des conséquences en matière de prévention qu’on se doit de tirer pour l’avenir. »

François HOLLANDE « Je comprends et partage votre colère »

Michel Delebarre, sénateur-maire socialiste de Dunkerque, a lu un message de François Hollande :

« L’Andeva se mobilise aujourd’hui pour protester contre la décision imposant à 17 victimes de l’amiante de rembourser une partie des indemnisations perçues.

Il ne m’appartient pas de commenter une décision de justice. Mais je veux dire ma solidarité avec les victimes de l’amiante et exprimer mon incompréhension face à la démarche du fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (Fiva), qui n’avait jusque là pas remis en cause le calcul des indemnisations. Je comprends et partage votre colère. Il est moralement injuste de faire payer des victimes, déjà considérablement fragilisées. Je veux vous assurer de mon soutien dans le combat qui est le vôtre pour faire reconnaître vos droits face à cette catastrophe sanitaire majeure.

Depuis 2007, l’actuel gouvernement n’a eu de cesse de rogner sur les droits des victimes. Il n’a eu de cesse de tenter de remettre en cause le Fiva.

D’abord il a déresponsabilisé les entreprises qui pourtant ont exposé leurs salariés à l’amiante, en supprimant purement et simplement leur contribution au fonds. Année après année il a cherché à modifier la gouvernance du fonds, remettant en cause les principes fondateurs qui ont présidé à sa création et qui visent à maintenir un équilibre entre les parties.

Je tiens à saisir l’occasion de cette réunion publique pour vous renouveler mon soutien dans le cadre du procès pénal. Alors que l’instruction est toujours en cours, plus de 15 ans après les premières plaintes, je veux ici solennellement réaffirmer qu’il faut donner aux magistrats du pôle santé les moyens de mener l’instruction à terme et de permettre enfin aux victimes de bénéficier de la reconnaissance qui leur est due.

Soyez en tout cas assurés de mon soutien déterminé dans votre combat auquel je m’attacherai particulièrement dans la voie que je me suis fixée : celle de la reconquête d’une véritable justice sociale… »

* Par manque de place, nous avons fait quelques coupes dans les messages. Ils sont intégralement en ligne sur le site Internet de l’Andeva. Nous ne pouvons reproduire les interventions des élus du Nord-Pas-de-Calais, engagés de longue date aux côtés des victimes de l’amiante, pour présenter le message du candidat de leur sensibilité. Nous les prions de nous en excuser.


Articles tirés du Bulletin de l’Andeva No 38 (janvier 2012)