Alain Bobbio : « Il y a deux semaines, nous sommes allés à la crémation d’une amie. C’était la cent-onzième victime d’un mésothéliome pour l’Addeva 93. »

François Dosso apporte le soutien des des mineurs Cfdt de Lorraine : « Depuis 1945 il y a eu dans les mines de charbon 100 000 morts de silicose, d’asbestose, de cancers... Il y a une différence entre les pharmacies de Dunkerque ou du bassin houiller et celles du 16ème arrondissement : chez nous il y a toujours des bouteilles d’oxygène en stock, pas dans les beaux quartiers …

C’est le système qu’il faut modifier. Nous ne pouvons être à la merci d’un juge qui peut décider seul et sans recours possible de modifier l’indemnisation des victimes.

Aux États Unis une société minière vient récemment de verser 1,5 million de dollars à chaque famille victime d’un coup de grisou. C’est cinq fois ce que verse le Fiva. La vie humaine n’a pas partout la même valeur. Cela doit changer. »

Marcel Lagant apporte le soutien de l’Ardeva Picardie, qui compte une vingtaine de décès par an.

Jean-Michel Després apporte celui du Caper Thiant (900 adhérents, de 30 à 40 décès par an) : « Jeudi dernier nous avons enterré un membre de notre conseil d’administration, mort à 53 ans d’un mésothéliome... Éternit a envoyé ses ouvriers à la mort en sachant que l’amiante était dangereux. Ils ont privilégié la santé de leur portefeuille sur celle de leurs salariés.

Les décisions prises par la Cour d’appel de Paris me scandalisent. J’ai honte pour toutes ces veuves dont le mari est parti trop tôt. »

Huguette Mercier (Addeva 76, 1900 adhérents), venue de Rouen dénonce « ces décisions incompréhensibles et injustes qui risquent de faire plonger des familles entières déjà marquées par la maladie ou le deuil dans une situation financière impossible. »

Madeleine Savaris, de l’Ardeva 77, salue la courage des veuves de Dunkerque et s’oppose à ces demandes de remboursement.

François Verny (Fnath) lit un message de solidarité d’Arnaud Broca, secrétaire général de la Fnath.

Il dénonce « un état d’esprit qui veut faire des victimes du travail au mieux des privilégiés, au pire des insatisfaits qui en veulent toujours plus. Pourtant elles ne font que réclamer une juste indemnisation ».

Il rappelle que « La première mission du Fiva devrait être d’accompagner les victimes » et juge « indécente » la proposition du ministère du travail d’étaler les remboursements.

Claude Tange, de l’Advasud CGT explique : « Nous sommes là pour les milliers de décès qu’a occasionnés l’amiante, nous sommes là pour ces milliers de veuves qui souffrent dans leur chair et dans leur sang, nous sommes là parce que nous devons mener le combat jusqu’à ce que justice soit faite, et nous serons encore là jusqu’à ce que les patrons aillent en prison »

Ghilaine Pié, au nom du Capra (région lilloise) : « Nous sommes révoltés par cette situation. Certains de nos adhérents sont concernés par les arrêts de la Cour d’appel de Douai. Xavier Bertrand a annoncé que les dossiers seraient étudiés « au cas par cas », mais des adhérents reçoivent déjà une notification qui les menace d’envoyer un huissier chez eux. Il faut nous mobiliser et nous rassembler. »

Jacques Dehorter, président de l’Apda CGT Dunkerque, qui revendique 2800 membres « Jusqu’à présent notre association n’a pas travaillé avec l’Ardeva Dunkerque mais nous espérons que dans l’avenir ce sera meilleur »
Béatrice Tores, apporte un message des Mutuelles de France : la décision de la cour d’appel de Douai « a des conséquences humaines dramatiques » et juge indispensable que le Fiva « renonce à ses demandes de remboursement . Les victimes de l’amiante et leurs familles n’ont pas à subir de double peine »

Le secrétaire du syndicat Cfdt métallurgie-sidérurgie, évoque le combat mené depuis des années par son syndicat sur les maladies professionnelles. « Nous sommes aux côtés des camarades de l’Andeva et de l’Ardeva dans ce combat. »

Michel Dorel, de l’Aldeva Drome-Ardèche est venu de loin. Il raconte : « Quand j’ai appris que des victimes devaient rembourser, mon sang n’a fait qu’un tour. C’était inadmissible. Il fallait monter à Dunkerque.
Nous avons trouvé judicieux dans une période électorale de s’adresser aux politiques. Notre association a 356 adhérents. Nous avons déjà près de 70 morts. Quand nous avons appris que les dirigeants d’Eternit étaient lavés de toute poursuite, nous avons été écoeurés ».

Alain Clincquemaillie, de l’Adeva 59, près de Douai (qui compte aujourd’hui 200 adhérents) intervient à son tour : « Notre combat est celui de tous les amiantés de France et du monde entier.

Comment une présidente qui débarque à la cour d’appel de Douai peut-elle, sans la moindre justification, modifier une jurisprudence juste et favorable aux victimes qui durait depuis trois ans ?

C’est une question qu’on peut se poser.

Il ne s’agit pas d’une simple décision de justice.

C’est une décision politique.

Il y aura toujours des exploités et de l’autre des gens qui n’hésitent pas à les faire mourir pour gagner beaucoup d’argent.

Le Medef pèse sur les décisions du gouvernement.

Christelle Cardoni, petite fille d’un mineur décédé de la silicose, et fille d’un sidérurgiste d’Usinor Denain annonce que « l’Union départementale CGT du Nord tient à affirmer son soutien aux victimes de l’amiante concernées par l’arrêt de la Cour d’appel de Douai qui les condamne à rembourser une partie de leur indemnisation alors que les empoisonneurs sont toujours exonérés d’un procès pénal.

C’est une ignominie faite à ces malades, porteurs dans leurs poumons d’un poison hautement cancérigène, sans perspective de guérison aucune.
Le non remboursement de ces sommes est une exigence morale. Honte à leurs empoisonneurs !

L’Union départementale appelle à agir avec les organisations syndicales et les associations de victimes de l’amiante pour mettre fin à ce scandale de trop. »

Pierre Pluta indique que sont arrivés deux messages de solidarité venant d’associations de défense des victimes d’autres pays :
- Eric Jonckheere pour l’Abeva, l’association belge de défense des victimes de l’amiante, qui vient pour la première fois de gagner un procès contre Eternit à Bruxelles.
- Bruno Pesce, de l’Afeva, l’association de défense des victimes italiennes de Casale Monferrato, engagée dans le procès de Turin.

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°38 (janvier 2012)