« Aujourd’hui plus de 300 victimes de l’amiante du Nord - Pas-de-Calais dont je fais partie sont condamnées à rembourser une partie de leurs indemnisations octroyées il y a trois ans par jugement de la Cour d’appel de Douai ! »

Entourée par d’autres veuves de Dunkerque, Yveline, très émue, lit sa lettre à Nicolas Sarkozy. Elle y raconte le calvaire vécu par son mari, ouvrier sidérurgiste à Usinor Dunkerque, atteint d’un cancer des poumons, et par sa famille pendant quatre ans : le diagnostic, l’ablation d’un poumon, les chimios, « le salon transformé en hôpital »...

Reconnu en maladie professionnelle avec un taux d’IPP de 100% son mari est devenu « un préretraité amiante à 940 euros par mois ! » : un « congé d’empoisonnement » qui ne durera que 2 ans… Le Fiva ne le reconnaît qu’à 70%. Il conteste l’offre devant la cour d’appel, qui majore l’indemnisation.

Mais le Fiva va en cassation...

Trois visites d’huissiers de justice

D’une voix affermie, elle décrit le harcèlement vécu par sa famille : « Alors que mon mari lutte contre le cancer qui vient d’atteindre son deuxième poumon, le Fiva lui envoie un premier huissier de Justice, qui n’osera même pas le rencontrer sur son lit médicalisé pour lui signifier qu’il se pourvoit en cassation.

Deux ans après, le 29 novembre 2011, retour de l’huissier qui demande à voir mon époux et auquel je réponds qu’il est décédé le 20 octobre 2010 à 55 ans, 8 jours après son anniversaire, des suites de sa maladie professionnelle due à l’amiante ! Il me réclame alors un certificat de décès et refuse de me remettre le document qui en fait annonçait que la cour de cassation avait cassé le jugement de la Cour d’appel de Douai…

Un troisième huissier de Justice viendra chez moi et mes enfants pour me sommer de rembourser l’indemnisation que Jean-Marie avait obtenue en 2009, alors que le Fiva ne nous a pas encore proposé d’offre d’indemnisation suite au décès de mon époux ! 

Alors je vous dis, Monsieur le Président de la République, prenez le caveau de mon mari Car l’ignominie qui nous est faite, à nous les 300 victimes est insupportable.

On nous traite comme des délinquants

Annoncée par votre Ministre du Travail et de la Santé l’intention de traiter au cas par cas ces dossiers, c’est « l’enfer pavé de bonnes intentions ». Nous voulons l’effacement total des sommes réclamées par le Fiva !

Mon petit fils, Adrien, âgé de 5 ans à cette veille de Noël m’a demandé : « Mamie, le Père Noël va-t-il me ramener mon papy ? »

Notre douleur est insupportable et traiter les victimes de l’amiante comme des délinquants alors que les empoisonneurs comme Éternit viennent d’être exonérés d’un procès pénal est odieux, Monsieur le Président !

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, à ma détermination et, avec tout le respect que je vous dois, je vous souhaite bonnes fêtes de fin d’année ; les miennes sont amiantées à jamais. »

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Article paru dans le bulletin de l’Andeva n°38 (janvier 2012)