Les épidémiologistes en ont assez de voir leur science ignorée par les industriels de l’amiante et certains gouvernements peu scrupuleux ou peu soucieux de la santé de leur population.
Le Comité mixte chargé des politiques des sociétés d’épidémiologie a publié en juillet 2012 une prise de position publique qui demande le respect du droit à la santé sur toute la planète et l’abandon de l’extraction, de l’utilisation et de l’exportation de ce matériau cancérogène.
L’Andeva soutient, diffuse et appelle à signer cette prise de position.


Toutes les formes d’amiante peuvent causer des morts prématurées*

Un examen rigoureux des données épidémiologiques confirme l’existence d’une relation causale entre l’exposition à tous les types de fibre d’amiante et l’apparition de différentes pathologies entraînant une mort prématurée.
Ainsi, au pays comme à l’étranger, de nombreux organismes scientifiques éminemment respectés ont conclu, suite à un processus impartial et rigoureux de délibération et d’évaluation, que toutes les formes d’amiante peuvent entraîner un mésothéliome, un cancer du poumon, une amiantose (aussi appelée asbestose) et d’autres affections.
Leurs conclusions se fondent sur un vaste corpus de preuves scientifiques découlant d’études menées dans les domaines de l’épidémiologie, de la toxicologie, de l’hygiène du travail, de la biologie et de la pathologie, ainsi que sur la littérature scientifique connexe publiée au moment où les évaluations respectives ont été effectuées.

50 nations ont interdit l’usage de l’amiante

De nos jours, les pays industrialisés ont, à toute fin pratique, abandonné l’utilisation de l’amiante, plus de 50 nations ayant promulgué des lois qui en interdisent l’usage.
Par conséquent, l’industrie de l’amiante, afin de percer de nouveaux marchés, travaille à promouvoir cette substance auprès d’autres pays à revenu faible ou intermédiaire, particulièrement en Asie.
L’industrie a ainsi mis sur pied des groupes de pression pour atteindre cet objectif.

L’industrie de l’amiante se cherche de nouveaux marchés

Pourtant, en dépit des preuves scientifiques de la nocivité de l’amiante et des appels lancés par de nombreux organismes qui souhaiteraient son abandon complet – incluant l’Organisation mondiale de la Santé, la Fédération mondiale des associations de la santé publique, la Commission internationale de la santé du travail, l’Association internationale de la sécurité sociale, la Confédération syndicale internationale et la Banque mondiale — l’utilisation de l’amiante est en hausse dans les pays à revenu faible et intermédiaire.

Des conséquences désastreuses pour la santé publique

Ces pays sont peu sensibilisés aux risques que présente l’amiante pour la santé ; de plus, la réglementation en matière de sécurité y est peu contraignante, voire inexistante.
Si l’on n’y met pas fin, cette utilisation continue et croissante de l’amiante aura, dans les décennies à venir, des conséquences désastreuses sur la santé publique dans ces pays, prenant la forme d’une multiplication des cas de maladies liées à l’amiante et de morts prématurées.
L’épidémie que l’on constate aujourd’hui dans les pays industrialisés ayant utilisé l’amiante dans le passé ne manquera pas de s’y reproduire.

Résumé de position en français par le JPSE. Les intertitres sont de la rédaction. Texte intégral de l’appel (en anglais), références et signatures collectives et individuelles sur le Net :

http://www.jpc-se.org/position.htm#asbestos

- Par conséquent, le Comité mixte chargé des politiques des sociétés d’épidémiologie (JPC-SE), constitué d’épidémiologistes en provenance du monde entier :

- appelle à un abandon de l’extraction minière, de l’utilisation et de l’exportation de toutes les formes d’amiante, et ce, à l’échelle planétaire ;

- demande expressément aux principaux pays exportateurs d’amiante – le Brésil, le Canada, le Kazakhstan et la Russie – de respecter le droit à la santé en cessant l’extraction, l’utilisation et l’exportation de l’amiante et d’aider les collectivités vivant de l’extraction de l’amiante à adopter d’autres formes d’activités économiques ;

- demande expressément aux principaux pays utilisateurs d’amiante – le Brésil, la Chine, l’Inde, l’Indonésie, l’Iran, le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, la Russie, le Sri Lanka, la Thaïlande, l’Ukraine et le Vietnam – de cesser d’utiliser l’amiante ;

- demande avec insistance aux autres sociétés d’épidémiologie et (ou) aux organismes chargés de la santé publique, particulièrement dans les pays où l’on continue d’extraire, d’utiliser et (ou) d’exporter l’amiante, comme au Brésil, au Canada, en Chine, en Inde, en Indonésie, en Iran, au Kazakhstan, en Ouzbékistan, en Russie, au Sri Lanka, en Thaïlande, en Ukraine et au Vietnam – d’appeler elles aussi à un abandon de l’extraction, de l’utilisation et de l’exportation de toutes les formes d’amiante ;

- demande avec insistance aux pays ayant déjà utilisé l’amiante d’informer la population et les professionnels des soins de santé des dangers de l’amiante, et de mettre en place des mesures pour suivre l’état de santé des personnes ayant été exposées à l’amiante. À cette fin, ces pays doivent disposer d’un registre des emplacements où de l’amiante a déjà été installé, particulièrement les écoles et autres lieux où il y a présence d’enfants ;

- demande avec insistance aux autres sociétés d’épidémiologie et (ou) aux organismes chargés de la santé publique d’appuyer le droit des scientifiques et des universitaires de poursuivre leurs travaux en l’absence de toute forme d’intimidation. Dans les cas où l’industrie de l’amiante engage des poursuites pour réduire au silence scientifiques et universitaires, les sociétés d’épidémiologie et (ou) les organismes chargés de la santé publique sont priés d’enquêter sur la situation. Si les faits le justifient, ils se doivent aussi d’appuyer ces scientifiques et universitaires sous le coup de la menace et de dénoncer de telles tactiques d’intimidation. La procédure élaborée par l’International Society for Environmental Epidemiology visant à encadrer les collègues aux prises avec ce genre de problème peut être utilisée comme modèle.


 

LES SIGNATAIRES

Lancé le 4 juillet, ce texte avait reçu trois semaines plus tard les signatures de 9 sociétés d’épidémiologie (membres du JPC-SE), de 80 organisations (associations de victimes, de médecins, de défenseurs de l’environnement, syndicats…) et près de 150 signataires individuels, dont un grand nombre de scientifiques. La liste mise à jour est sur le Net :

http://www.jpc-se.org/position.htm#asbestos

Sociétés d’épidémiologie
- American College of Epidemiology (ACE)
- American Public Health Association (APHA)
- Council of State and Territorial Epidemiologists (CSTE)
- International Epidemiological Association (IEA)
- International Society for Environmental Epidemiology (ISEE),
- National Association of County & City Health Officials (NACCHO) Epidemiology Workgroup,
- Société canadienne d’épidémiologie et de biostatistique,
- Society for Epidemiologic Research (SER),
- Society for the Analysis of African American Public Health Issues (SAAPHI),

Organisations
Dans la première liste des organisations signataires, consultable sur Internet, on trouve notamment :

Des associations médicales : ABRASCO (Brésil), Alliance de la Fonction publique (Canada), Alliance for Cancer Prevention (R-U), APHA (USA), Campaign to Control Cancer (CEO), Association Canadienne des
Médecins pour l’Environnement, Société canadienne du Cancer, Canadian Health Coalition (Canada), Canadian Medical Association, Canadian Nurses Association, Canadian Public Health Association, Indian Association of Occupational Health, JOSRHC (Japon), Korean Society of Environmental Health, Société française du cancer...

Des associations de défense des victimes et de l’environnement : ABREA (Brésil), ADAO (USA), A-BAN et ANROEV (Asie), Asociacion Frente al Asbesto (Pérou), ABEVA (Belgique), AFEVA (Italie), ANDEVA (France), Asbestos Victims Support Groups Forum (R-U), A Walk to Remember Victims of Asbestos (Canada), Ban Asbestos (India), BANJAN (Japon), I-BAS (R-U), Canadian Environmental Law Association, Canadian Nurses for Health and the Environment, Centro Brasileiro de Estudos em Saúde, Collegium Ramazzini, CARDS (R-U), Environmental Health Trust (USA), Families Against Corporate Killers (R-U), Greater Manchester Hazards Centre (R-U), Japan Association of Asbestos-Related Disease Victims and Their Families, Coalition Pour que le Québec ait meilleure mine ! ...

Des organisations syndicales : ALU-TUCP (Philippines), Barrow Trades Union Council (R-U), Building and Woodworkers International, Canadian Union of Public Employees, Canadian Voices of Asbestos Victims, European Federation of Building and Woodworkers...

Et encore : Asbestos Industry Association (Australie), Asbestos-related Research, Education & Advocacy Fund (Canada), Institute of Occupational Hygienists Inc (Australie), Canadian Association of University Teachers, Construction Safety Campaign (R-U), David Suzuki Foundation (Canada), GMB Chesterfield No. 1 Branch (R-U)...

Envoyer les signatures individuelles ou collectives à (avec nom, qualité, institution, ville, État / province, pays de résidence) à :

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Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°40 (septembre 2012)