En avril 2009, un groupe de travail composé d’experts internationaux de 27 pays s’est réuni à la demande du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
Leurs conclusions sont claires : le lien entre l’exposition à l’amiante et le cancer de l’ovaire «  avéré  », avec une «  évidence épidémiologique suffisante  ».
C’était un appui précieux pour le déclarer et le faire reconnaître en maladie professionnelle par le système complémentaire de reconnaissance de la Sécurité sociale (CRRMP).
A la différence du cancer du sein, le cancer de l’ovaire n’est pas très fréquent (11 nouveaux cas par an pour
100 000 habitants).Mais on peut s’étonner qu’il ait fallu attendre 5 ans pour obtenir (non sans mal) qu’un CRRMP rende un avis favorable pour le cancer de l’ovaire d’une ouvrière de l’entreprise Deville dans les Ardennes, avec le soutien de l’Addeva 08. C’était la première fois en France...

 


Amiante et cancer de L’ovaire
Des connaissances anciennes

On sait depuis des décennies que l’ovaire peut se charger en fibres d’amiante.
Au lendemain de la guerre, des études ont confirmé l’existence d’une surmortalité par cancer de l’ovaire chez des ouvrières professionnellement exposées à l’amiante, en fabriquant des masques à gaz pendant la dernière guerre, ou en travaillant dans des usines de transformation de l’amiante.
Le premier signalement d’une fréquence accrue des cancers de l’ovaire chez les femmes atteintes d’asbestose a été fait en 1953 au London hospital.
On sait aussi que ces cancers peuvent être dus à des expositions professionnelles mais aussi domestiques, notamment par l’usage de talc contaminé par des fibres d’amiante.

 


Liliane

«  Liliane a été une des premières bénévoles de notre association, se souvient Claude Huet.
Elle n’était pas malade quand elle a adhéré. Elle s’était engagée par sympathie pour ceux qui ont besoin d’aide.
Avec Michel, son mari, elle était toujours présente pour la préparation des réunions et des expositions.
Comme elle, Michel travaillait aussi chez Deville. Victime d’un licenciement économique dans des conditions qui ne respectaient pas la loi, il est allé avec d’autres collègues licenciés devant le conseil de prud’hommes qui leur a donné raison.
Liliane a déclaré sa maladie professionnelle en septembre 2009. Trois ans plus tard, quand le cancer l’a emportée, elle ignorait encore si elle serait reconnue. Je peux témoigner qu’elle en a beaucoup souffert moralement.

 »

 


Un écho important dans l’opinion

L’avis favorable du CRRMP de Lille reconnaissant pour la première fois en France un «  lien direct et essentiel » entre un cancer de l’ovaire et une exposition professionnelle à l’amiante a eu un large écho. La presse régionale a donné une grande place à l’événement. Les medias nationaux et la presse médicale spécialisée ont également relayé l’information.
Dans d’autres pays européens où aucun cancer extrapulmonaire n’est reconnu, l’affaire a été suivie avec attention et citée en exemple par des associations de victimes.

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Article paru dans le Bulletin de l’Andeva n°45 (avril 2014)